Et si on tirait un bilan des
épreuves de natation ?
Je vais en deux articles essayer
de vous présenter le bilan de la natation, de mon point de vue, sans langue de
bois, pour que tout ceux qui ont suivi cette compétition de natation la voit
d’un autre œil que celui de France TV ou Eurosport.
En chiffre
Comme à son habitude, les
Etats-Unis ont assis leur supériorité loin devant toutes les autres nations du
monde. Si dans un monde imaginaire, toutes les nations s’alliaient face aux
Etats-Unis sur les épreuves de natation, elles n’auraient qu’une médaille d’or
de plus que les Américains (17 vs 16). Cela en dit long sur l’écart de niveau
qui existe entre cette nation et les autres.
Et pourtant, on peut d’ores et
déjà imaginer la Chine, encore et toujours, venir les titiller dans la décennie
à venir, tellement leur progression ces quatre dernières années à paru intense
et régulière.
Si on compare avec les olympiades
de 2008, 2004 et 2000, on remarque tout d’abord la grosse contreperformance de
la natation australienne. Habituée à la deuxième place au tableau des
médailles, elle se retrouve cette année seulement 6ème ! La
faute surtout à un nombre de titre très faible (1 seul). A Pékin, c’était 6
titres, Athènes 7, et Sydney 5. Et si on regarde le nombre de médailles
récoltées, ils sont également en deçà de leurs quotas habituels (10 en 2012, 18
en 2008, 15 en 2004 et 20 en 2000 !). Après une décennie 90’ très faste,
puis des Jeux Olympiques organisés chez eux en 2000, sur lesquels ils ont peu
surfer, ils sont peut-être en perte de vitesse durable, comme toutes les
nations peuvent connaitre dans n’importe quel sport (cf la France et
l’escrime). Ils sont tout de même quatrième nation en nombre de médailles,
devant la France, les Pays-Bas ou encore la Russie, et ex eaquo avec le Chine.
Faut-il y voir un accident ? Ou le début d’une ère creuse ? Mon avis
se situe entre les deux. La natation tend à se mondialiser, de plus en plus de
nations présentent des athlètes compétitifs, et les médailles se diffusent et
sont donc de plus en plus difficiles à obtenir. De plus, la Chine lui pique
littéralement sa place, et devient pour l’Australie un concurrent direct
durable.
La Chine est donc la véritable
nation révélée cette année. Ils avaient fait un véritable travail de fond pour
pouvoir présenter une équipe nationale forte en 2008, elle l’avait été, mais
n’avait ramené seulement 6 médailles, dont un titre. Cette année, la Chine
c’est 10 médailles, 5 titres. En 2004, il n’avait eu que 2 médailles, et en
2000….aucune ! La courbe de progression est donc nette. Avec qui plus est
des nageurs engagés dans bon nombre de disciplines. La nage libre au-delà de
200 m, le papillon, la brasse et le 4N. Les nageuses chinoises sont même plus
présentes que les hommes, puisqu’elles ont ramené 6 des 10 médailles. Il y’a
fort à parier que leur moisson de médailles sera encore plus grande à Rio en
2016.
L’autre grande nation asiatique
en natation, le Japon, a lui chauffer le chaud et le froid durant cette semaine
olympique. Deuxième au nombre de médailles (11), ils sont seulement neuvièmes,
la faute à un zéro pointé en médaille d’or. 3 médailles d’argent et 8 médailles
de bronze ! Les Japonais sont là, présents dans toutes les courses, mais
ne gagnent pas. Orphelins de Kosuke Kitajima, on sent une nouvelle génération
monter en puissance qui n’a plus qu’à apprendre à gagner. Forts dans toutes les
disciplines (hormis peut-être la nage libre), les japonais ont un bel avenir
devant eux, sûrement derrière les Etats-Unis et la Chine.
Si l’on met de côté la France et
les USA dont on parlera dans le second article, il nous reste à parler des
faire valoir. A part les Pays-bas, qui font honneur à leur nation régulière,
qui place toujours quelques nageurs en sprint (4 médailles cette année, 2 en
2008, 7 en 2004 et 8 en 2000), et la Hongrie, qui ramène son titre
« habituel », les autres nations n’ont pas grand-chose à se mettre
sous la dent.
Déception pour la Grande
Bretagne. Quand on voit les athlètes britanniques exploser leurs records dans
la quasi-totalité des disciplines, on ne peut qu’être déçu de les voir
régresser en natation. 3ème nation en 2008, ils ne sont que
quatorzième cette année.
Même constat pour le Brésil,
qu’on a vu progresser entre 2004 et 2008, et qu’on a cru lancé pour être une
grande nation en 2016, ils ont connu un véritable coup d’arrêt à Londres. Dans
le sillage d’un Cesar Cielo en perte de vitesse, seul le 4 nageur, Pereira, a
su tirer son épingle du jeu. Il leur faudra faire de nombreux efforts si ils
veulent faire honneur à leur statut d’organisateur en 2016.
Pour le reste, peu d’évolutions… la
Russie reste enlisé aux alentours de la 10ème place, comme depuis 15
ans, l’Afrique du Sud se régénère plutôt bien, mais même si ils ont gagné deux
titres, ils n’ont glané que trois médailles. L’Espagne qui avait montré un
soupçon de renaissance à l’époque des combinaisons polyuréthane est depuis retombée
dans les tréfonds, tout comme l’Allemagne, qui n’aura récolté aucune médaille
et qui voit l’ère Britta Stephen/Paul Biedermann se terminer, ou encore l’Italie,
réalise aussi le zéro pointé, et la fin de la génération Magnini/Pellegrini/Marin.
Ces nations européennes ont peut-être déjà entamé leur remontée avec un gros
travail chez les jeunes, car si ce n’est pas encore fait, ils sont partis pour
une décennie disette…