mercredi 15 août 2012

A L'HEURE DU BILAN


Avec quelques jours de retard, il est l'heure de dresser le bilan de ce tournoi olympique de basket, distribuer les bons et les mauvais points, mettre en exergue les satisfactions et les déceptions de ces 15 jours de balle orange.


Tout ça pour ça



Après ces 2 semaines, point de surprise: les deux très grands favoris étaient au rendez-vous, et les Etats-unis et l'Espagne nous ont offert, comme il y a 4 ans à Pékin, un magnifique spectacle qui a vu comme lors de la dernière fois une victoire des Américains sur les Ibères (107-100)

Le Team USA est parvenu à se détacher en toute fin de rencontre sous l'impulsion de Kevin Durant et de Lebron James, qui lors de ce tournoi, est devenu le second joueur à effectuer un triple-double lors d'un tournoi olympique (après le Soviétique Alexander Belov en 1976) pendant le quart de finale face à l'Australie, ainsi que le second joueur à enchaîner MVP, titre NBA, MVP des finales et champion olympique (après Jordan en 1992).



Le top 5


Comme les Jeux Olympiques, contrairement à l'Eurobasket ou aux championnats du Monde ne consacrent aucun joueur individuellement, voici mon 5 des Jeux


Marcelinho Huertas (Brésil/PG): 11,3 pts, 2,2 rbs, 6pds


Le meneur de Barcelone et de la sélection brésilienne a encore montré lors de ce tournoi pourquoi il était l'un des meilleurs meneurs au monde. Admirable de constance et de leadership, il a su mener la Seleçao à la deuxième place du groupe B après une victoire sur l'Espagne et une défaite au buzzer face à la Russie. Mais ce magnifique parcours s'est arrêté face à l'ennemi argentin en quart de finale (77-82). Néanmoins le potentiel de cette sélection en fait d'ores et déjà l'un des favoris au podium lors des prochains Jeux qui auront lieu à ... Rio.


Emanuel Ginobili (Argentine/SG): 19,4 pts, 5,4 rbs, 4.1 pds 


Manu a démontré, à 35 ans, qu'il était toujours l'un des meilleurs joueurs du monde. L'arrière des Spurs a encore éclaboussé ce tournoi de sa classe. Très régulier (pas un match à moins de 13 pts), il a su mener avec son compère Luis Scola une vieillissante sélection albiceleste une troisième fois consécutive dans le dernier carré, mais a cette fois échoué dans l'obtention d'une troisième médaille. D'ailleurs, il s'agissait probablement d'une des dernières apparitions de cette magnifique génération qui fut championne olympique en 2004.


Kevin Durant (Etats-Unis, SF): 19,5 pts, 5,8 rbs, 2,6pds


Kevin Durant ou Lebron James? Choix cornélien qui se présente ici. Mais à seulement 23 ans, KD35 a réalisé un tournoi absolument incroyable. L'ailier du Thunder a justifié, lors de ces deux semaines, son statut de meilleur attaquant au monde. Insolent de fluidité et de facilité, adroit à longue distance (52,3% à 3 pts), il a su se montrer décisif lors des matches où le team USA a été le plus accroché, notamment les deux rencontres face aux Argentins et la finale. En tout cas une chose est sûre: l'avenir de Team USA, c'est lui.


Andrei Kirilenko (Russie/F):17,5 pts, 7,5 rbs, 1,4 pds


L'éloge de la polyvalence. Un peu moins playmaker qu'à l'accoutumée grâce à l'émergence de son jeune coéquipier du CSKA Moscou et maintenant des Timberwolves Alexey Shved, AK47 a encore réalisé un tournoi de haute volée pour mener la jeune sélection russe sur la troisième marche du podium olympique grâce à une victoire sur le fil face à l'Argentine. En tout cas, avec Andreï Kirilenko, la Russie est redevenu ce qu'elle a longtemps été: l'une des 3/4 meilleures équipes au monde.


Pau Gasol (Espagne/ PF-C): 19,1 pts, 7,6 rbs, 2,9 pds


Le meilleur intérieur du monde dans le contexte FIBA (et peut-être même le meilleur tout court?) a encore une fois été à la hauteur. Dans un tournoi où son compère de toujours Juanca Navarro était loin d'être au top physiquement, Pau a su porter la sélection ibérique, malgré une défaite en poule face aux Russes qui a modifié leur plan, vers son objectif initial: la revanche en finale face aux Américains. Mais encore une fois, malgré deux semaines de toute beauté, il n'a pas su, avec ses coéquipiers, franchir la dernière marche. Pour sa génération des Juniors de Oros, championne du monde junior en 1999, et qui aura 36 ans en 2016,  il s'agissait probablement de la dernière chance d'obtenir le sacre olympique.



Le flop 5


José Manuel Calderon (Espagne/PG): 7 pts, 2,1 rbs, 2,5 pds


Oui, un finaliste olympique dans les flops. En l'absence de Ricky Rubio, Calderon était le seul vrai meneur avec de l'expérience internationale de la Roja. Et pour un meneur et un playmaker de son acabit, son tournoi personnel fut un échec. Excepté lors de la demi-finale face aux Russes, il a été inexistant face aux grosses nations et leurs meneurs (Mills, Shved, Huertas, Parker, Paul, Williams) et sa finale fut le point d'orgue de cette débâcle (0 pts, 1pd en 17 min.)
Un tournoi à oublier pour le meneur de Toronto.


Sun Yue (Chine/ SG-SF): 2,7 pts, 1 rbs, 1,3 pds


Le jeune extérieur, passé par les Lakers en 2010 après un mondial réussi, était attendu comme l'un des leaders de la sélection chinoise après la retraite de Yao Ming. Or la Chine a perdu tous ses matches par une marge d'au minimum de 16 points, et Sun fut l'un des fossoyeurs de la sélection, ne pouvant soutenir son leader Yi Jianlian dans la quête d'une accession aux quarts de finale.


Al-Farouq Aminu (Nigéria/F): 7,8 pts, 6 rbs, 2,8 pds


L'ailier de la Nouvelle-Orléans devait être la star et le leader de la sélection nigériane. Il a été supplanté par son coéquipier Ike Diogu, l'ancien intérieur des Warriors (entre autres). On pouvait penser, après une qualification lors du TQO au cours duquel le Nigéria avait éliminé la Grèce et la République Dominicaine notamment, que le Nigéria pouvait créer la surprise mais la faillite de ses leaders (Aminu, mais aussi Skinn...) n'aura permis ce miracle.


Matt Nielsen (Australie/PF): 3,3 pts, 3,5 rbds, 1,5 pds


En l'absence d'Andrew Bogut, le secteur intérieur australien reposait grandement sur David Andersen et Matt Nielsen. Et si le pivot de Sienne a fait un bon tournoi, l'intérieur du Khimki Moscou est lui complètement passé à côté. Or les Boomers, malgré un très bon Patty Mills et un excellent Joe Ingles, ne pouvait espérer aller plus loin, voire atteindre le dernier carré, sans un Nielsen à son niveau  européen.


Jonas Valanciunas (Lituanie/C): 4,2 pts, 4 rbs, 0 pds


Le premier échec de sa jeune mais déjà riche carrière du pivot sous le maillot vert siglé Lietuva, Valanciunas l'a connu lors de ces Jeux. Comme son ancien coéquipier australien du Lietuvos Rytas, Valanciunas n'a pas été au niveau attendu, alors qu'il devait être l'une des révélations de ce tournoi, après un Eurobasket sur ses terres très prometteur. Et du coup, la Lituanie n'a pu atteindre une sixième demi-finale consécutive. Mais le futur pivot des Raptors représente l'avenir de la sélection balte, il n'y a aucun doute.



Cool / Pas Cool

Cool

_ la popularité des basketteurs: on a pu voir que les basketteurs NBA ont eu la côte pendant la cérémonie d'ouverture et au village olympique auprès des autres athlètes


_ la prise de pouvoir de James et Durant au sein du Team USA


_ l'incroyable performance de Carmelo Anthony face au Nigéria, avec 37 points à 10/12 à 3pts en seulement 15 minutes de jeu


_ l'attitude de Tony Parker après la défaite en quart face à l'Espagne, prenant sur lui la responsabilité de la défaite: exemplaire!!


_ l'enthousiasme et l'opiniâtreté de l'équipe tunisienne, avec notamment Ben Rhomdane et Mejri en fer de lance


_ la combativité de l'Argentine pour le dernier combat de sa génération dorée, combat finalement perdu face aux USA et à la Russie


_ le succès populaire de l'équipe nationale britannique, qui a montré lors de ces Jeux qu'elle méritait la place qui lui a été donnée. Salle comble à chaque match du team GB



Pas cool


_ le tanking des Espagnols qui après leur défaite face à la Russie a délibérément perdu contre le Brésil pour éviter les USA jusqu'en finale. Pour le même calcul des joueuses de badminton ont été exclues des Jeux. La Fiba et le CIO vont peut-être devoir retravailler la formule du tournoi pour éviter ce genre de manipulation à l'avenir


_ l'arrosage à 3-pts des Américains. Quand ça rentre comme face au Nigéria (29/46) c'est beau, mais quand ça veut pas, ça devient légèrement pénible à regarder


_ la réaction de Nicolas Batum, qui n'a pas su (ou pu?) maîtriser ses nerfs face aux provocations espagnoles. Un geste sur Navarro qui aurait du lui coûter une disqualifiante. Mais Batman a très vite pris conscience de l'inutilité de son geste, s'en est rapidement excusé et cela ne risquera pas de se reproduire à l'avenir connaissant l'intelligence du joueur.


_ les interminables et fatigants palabres et trucages des joueurs espagnols, qui ont toujours été sur le dos des arbitres, pour réclamer des fautes à tout va et se plaindre alors qu'ils étaient surement les pires sur le terrain. Rudy Fernandez est un excellent joueur, mais le flopping vaut une faute technique et tant que les gris ne lui siffleront pas, il continuera à abuser les officiels et énerver les adversaires de la sorte.


_ l'absence d'énorme surprise: les qualifiés pour les quarts étaient ceux attendus


_ la Chine, qui a traversé ce tournoi comme un fantôme. Alors que le Nigéria, la Tunisie et la Grande-Bretagne ont su se montrer à la hauteur, les Chinois n'ont jamais paru en mesure de gagner une rencontre, prenant volée sur volée. Heureusement qu'ils ont affrontés l'Espagne et la Russie en début de tournoi car l'addition aurait pu être plus salée.



En espérant vous avoir permis de suivre ce tournoi, même si mon emploi du temps ne m'a permis d'être plus assidu et plus complet.


Thomas Quesnée